vendredi 18 septembre 2009

Machu Man et Machu malade

Amis d'un jour bonjour,

Ca fait un petit moment que je n'ai pas écrit pour cette fabuleuse place forte du voyage et du frisson qu'est le tu-du blog.
Que dire du Pérou depuis qu'on est ici ?

Ce n'est qu'en arrivant vers Cuzco qu'on a fini par quitter le désert pour rentrer dans des régions plus humides et vertes. Avant cela, la route se limitait à des étendues rocailleuses ou de sable entre les reliefs, route tournant et tournicotant à travers les montagnes, sous un soleil cuisant dans le bus. Je tiens à revenir d'ailleurs sur ce que j'ai dit à notre arrivée à Arequipa, les bus péruviens ne valent pas leurs homologues chiliens, nous avons été dupés. Les 10h de bus qu'on a passées depuis Arequipa jusqu'à Cuzco furent sans air conditionné, atmosphère chaude et moite comme il faut à l'intérieur, bonne petite odeur de pisse dedans, pas trop de place et des films de combat succédant à des films de combat sur les petites télés, certains avec une violence visuelle assez évocatrice et l'autre moitié avec Jean-Claude Van Damme. Je recommande chaudement. En même temps on ne peut pas dire qu'on était entouré de touristes puisqu'on était les seuls dedans, le reste du bus était rempli de locaux, paysans et paysannes pour la plupart.

J'ai aussi testé les bus qui servent de transport en commun entre les différents villages, bonne expérience ça aussi. On voulait se rendre à Pisaq, village voisin de Cuzco, duquel on pouvait grimper un sentier pendant 2h pour atteindre d'anciennes ruines incas. Parce que les ruines incas, on n'en avait pas trop vu à Arequipa ni à Cuzco en fait, pourtant berceau de l'empire inca à sa belle époque, tout ayant été reconstruit par les conquistadors, avec leurs belles églises et leur beau Jesus de martyre. Arrivé au pied du sentier allant nous mener vers les sommets, un poste de contrôle nous signifie que les sommets incas, ça se paie cash, et plus cher que l'entrée du Louvre. Comme on est un peu juifs avec Romain et qu'on n'a surtout pas trop envie d'être des pigeons et payer une fortune pour simplement marcher sur un sentier, on se décide de rentrer à pied à Cuzco, à 33km de Pisaq. Ou au moins en faire un bon bout avant de prendre un bus ou un taxi. Avec le soleil et ma super casquette-serviette de femme de ménage, j'avais un peu les jambes coupées à 14h30, après 3h de marche, j'ai donc opté pour le choix judicieux : celui du bus local pour revenir à Cuzco. Ce qui n'a pas manqué de faire marrer Romain quand je suis monté dedans. Le truc, déjà il était blindé quand j'ai essayé de m'y faire une place ; après 3-4 arrêts supplémentaires, on peut dire que j'avais atteint l'état de confort maximal. Contrôleur de bus, ce n'est pas tout à fait le même métier en France et au Pérou, ici c'est plutôt un type à la porte du véhicule qui pousse les gens dedans et qui crie au chauffeur que c'est bon il peut repartir. Ou alors c'est un type qui est en équilibre sur le marche-pied, porte du bus ouverte, parce que vraiment c'est bon le bus il est plein à craquer. Ce mignon trajet d'une heure m'a rappelé les récits de Romain et de son pote Nico en Mongolie, en même temps que les douze heures de bus de nuit entre Oiapoque et Macapa dans le style "expérience qui fait kiffer". Qui prend quotidiennement les transports en commun entre Pisaq et Cuzco ? Les écoliers, eux mêmes qui se servent de ton bras comme appuie-tête ou comme mouchoir parce qu'ils ont le nez qui coule un peu. Les paysans de la région aussi, ceux avec les gros sacs pleins à craquer de marchandises. La chaleur, l'humidité et la bonne petite odeur qui va avec. Les gens qui se servent de toi comme poteau pour s'aggriper et rester en équilibre. Et puis moi, avec mes 1m80 qui ne rentrent pas debout dans le bus, obligé d'être bancal alors que la place est déjà restreinte. Même si la notion d'espace vital est plus limitée ici qu'ailleurs, je plains tous ceux qui empruntent ce trajet tous les jours, plus d'un Parisien deviendrait fou dedans.

La large majorité des véhicules qui circulent en ville comme sur les routes sont des bus, des vans, des taxis collectifs ou des camions. Très très peu de véhicules privés. En ville, 75% des voitures sont des taxis, les transports collectifs étant limités à des mini-vans duquel un type hèle à la fenêtre le nom de la ligne aux personnes sur le trottoir, assez physique comme boulot. La plupart des véhicules sont vieillots, on croise notamment régulièrement des quatre-chevaux.

Mon coup de coeur du Pérou va sûrement à ses dos d'âne plus haut que long au passage de chaque village. Avec des véhicules aux suspensions absentes, franchement c'est sympa, c'est un peu un tour bonus gratuit au parc d'attraction, tu décolles de 50cm avant de retomber comme tu peux sur ton siège. Quand tu es en bus et que tu traverses village sur village, je ne te raconte pas comment tu sens quand tu ne digères déjà pas très bien ton déjeuner. Oui parce que bizarrement, depuis qu'on est arrivés au Pérou, on a les ventres qui gargouillent gentiment avec Romain. On n'est pas malade parce qu'on est des costauds dans nos têtes, mais ce n'est jamais très loin d'une bonne journée aux toilettes mine de rien. On se lave à nouveau souvent les mains et on fait pourtant attention à ne pas manger n'importe quoi dans la rue.

Depuis Cuzco et ses régions moins désertiques, on croise bon nombre de villages qui vivent d'élevage (de vaches, de moutons, de cochons, de poules et de lamas) et d'agriculture. Sans faire dans le cliché, les paysannes ici ont quasiment toutes de longs cheveux nattés, portent parfois des chapeaux comme on n'en fait plus avec de larges robes costaudes. Les femmes portent leurs bébés dans un drap dans le dos, et quand elles n'ont pas d'enfant, c'est quelque chose de volumineux qui fait place dans le drap ; toutes ces femmes et notamment les plus agées semblent porter le poids du monde sur leur dos. A part les péruviennes dans les agences de tourisme, on ne peut pas affirmer que la mode soit très sexy ici, ce sera sûrement différent dans une ville comme Lima cela dit. Jusqu'à maintenant l'influence rurale est forte, peut-être un peu moins dans une ville comme Arequipa, mais dans la région de Cuzco elle est évidente. Des poules dans les cours des maisons, des rues relativement poussiéreuses, une petite odeur de WC peu entretenus dès qu'on quitte les lieux touristiques. Beaucoup d'enfants seuls dans les rues d'ailleurs, dès l'âge de 3 ans. On voit aussi un bon nombre d'enfants qui travaillent ou qui "donnent un coup de main" dès 10-12 ans. Je ne sais pas si tous vont à l'école, malgré le nombre d'écoliers qu'on croise en uniforme.

Un pays à la tradition guerrière marquée. A l'entrée de Tacna par exemple, ville frontière avec le Chili, un grand panneau indique non pas la bienvenue mais que la ville est fière d'avoir combattu et repoussé l'ennemi. Des immenses dessins sur les reliefs environnants Tacna représentent des soldats et des canons, le tout sur fond de slogan Viva el Peru. La place principale de chaque ville ou village se nomme la Place des Armes. Dimanche dernier, en me baladant le matin dans Cuzco, j'entends l'orchestre militaire jouée sur la place principale et je vois les enfants défiler au pas, bout de bois ou épée en main, de 5 à 18 ans ils défilent ainsi en rang, avec l'uniforme complet de leur école, précédant les corps de l'armée munis de leur fusil. J'en fais peut-être des montagnes, d'autant que les péruviens ont le contact facile et amical, mais c'était un peu flippant.

Beaucoup d'églises ici comme au Chili et au Brésil, des témoins de Jehova aussi. Certaines croix religieuses sont un peu détournées vers Inti, le dieu du soleil des anciennes croyances incas, on trouve son nom écrit sur certaines croix. La religion chrétienne occupe une place importante chez les péruviens comme chez les chiliens, de nombreux croyants, même s'ils sont moins démonstratifs qu'au Brésil oú les églises sont remplies chaque soir avec une messe dont l'écho s'entend depuis la rue.

Après quelques jours à Arequipa (ville où les feux rouges sont absents à quasiment chaque croisement de rue), après deux jours à braver la descente et la montée du Canyon del Colca (plus de 3000m de profondeur), après trois jours à Cuzco, on s'est décidé à aller au Machu Picchu par nos propres moyens, sans payer les 400$ US minimum exigés pour emprunter le chemin des incas. On est parti lundi ou mardi je ne sais plus, direction Santa Maria, un petit village perdu dans la jungle à 6h de bus de Cuzco. Décor somptueux de jungle et de montagnes tout le long de la route, dos d'âne tout aussi divertissants dans un bus démunis d'amortisseur, on traverse les nuages, on roule sur une piste mouillée par la pluie avec le précipice à côté, avec un chauffeur étant aussi à l'aise sur la voie de droite que de gauche, un peu flippant parfois, mais décor Magnifique une fois de plus. On arrive de nuit à Santa Maria, on ne se rend pas trop compte de la taille du village, ni de la jungle autour, si ce n'est la chaleur et l'humidité qui nous rappellent nos beaux jours à Macapa. Village bien typique. On dort dans une maison d'hôtes pour trois fois rien et on repart le lendemain matin à 6h. On croise deux touristes à l'air bien roots qui nous donnent un peu quelques infos sur le chemin, on préfère prendre le taxi jusqu'au village voisin de Santa Teresa plutôt que de marcher jusque là du coup. On est 7 dedans, taxi collectif oblige, il ne part que lorsqu'il est plein au possible. 1h de piste poussiéreuse plus tard, on arrive à Santa Teresa, en plein milieu de la jungle et des bestioles volantes. Il est 8h, notre randonnée peut commencer. Il fait chaud et humide, même si je suis trempé je préfère garder les manches longues pour ne pas me faire bouffer par les moucherons et les moustiques. Romain opte pour les manches courtes et le tatouage des bras par une vingtaine de piqures d'insectes. On croise avec une pointe d'adrénaline de gros insectes volants un peu débiles, les trucs foncent tout droit avant de se cogner quelque part et de changer leur direction. 7-8cm de long le truc, avec Romain on redoute fort la collision.
Dès qu'on s'arrête sur le chemin on est vite entouré de bestioles. Le bruit de la jungle environnante est impressionnant, ça bourdonne, ça gronde, difficile de décrire cette puissance sonore. On marche pendant plus de 3h le long d'une piste entre montagnes, courts d'eau et verdure, sur l'air revisité par Romain des Village People, "Machu Machu Picchu, I'm gonna be a Machu Picchu". On arrive enfin au début de la voie de chemin de fer, d'où on rejoint Agua Calientes, le village au pied du Machou Pitchou. Bonne petite marche, toujours en pleine forêt, des tonnes de papillons le long des voies, petit passage frisson-plaisir quand on traverse la voie de chemin de fer à 8m au-dessus d'un court d'eau. On croise deux trains pendant les 2h30 de marche. Quelques feux de forêt aussi --sûrement volontaires vu l'humidité, des flancs de montagne ont été entièrement brûlés pour l'agriculture.

Agua Calientes, village touristique au possible. Les restaurants succèdent aux boutiques de souvenir, quelques prix sont directement affichés en dollars et on nous parle plus facilement anglais qu'espagnol. On y passe la nuit, réveil programmé sur 5h pour attraper un des bus qui partent à 5h30 du village. File d'attente de 400-500 courageux qui se sont levés encore plus tôt que nous. Un nombre de bus au moins aussi conséquent est prévu, ce qui fait qu'on arrive assez vite en haut du Machu Picchu. Il est dans les nuages, on ne voit pas très loin mais c'est déjà impressionnant. On n'attend plus que la brume se lève pour laisser place au soleil. Ce qui arrive 3h plus tard, le temps pour moi de me sentir super mal, le ventre qui gargouillait gentiment depuis l'arrivée au Pérou ne gargouille plus aussi amicalement et je me sens vraiment obligé de redescendre au village... Un peu dégoûté du coup, d'autant que je ne vois pas trop oú j'ai pêché pour tomber malade, si ce n'est que ce ne serait pas vraiment moi si je n'étais pas tombé malade pile ce jour. Une forme de déception et de frustration, sans être de la déception ou de la frustration à proprement parler, le sentiment d'être passé à côté de quelque chose. Je n'aurais pas vu le site sous un soleil éclatant ni depuis le Wayna Picchu, la montagne qui le surplombe en face. Enfin tant pis, le tu-du voyage ne se résumait pas qu'à cela non plus.

Ca va mieux depuis ce soir en tout cas et ce n'est toujours que du plaisir ce voyage avec Romain. Demain on part vers Lima, 21h de bus, un des derniers gros trajets du voyage. Il nous reste deux semaines avant le retour inévitable sur Paris, on ne sait pas trop ce qu'on va faire encore mais une chose est sûre, on va en profiter jusqu'au bout !


Tu-du bizoo à vous !

6 commentaires:

  1. Mais elles font peur ces bêtes débiles!!!

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  2. Pas mal le commentaire sur les Champs.. Tu n'as été malade qu'une petite fois en deux mois et demi, moi je te trouve super résistant au contraire.
    Doux bisous

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  3. Coucou Romain,
    Une grosse bise affectueuse de la part de Stan, je pense bien à toi Sabine aussi ainsi que mon petit Flavien adoré.
    Ce voyage est extraordinaire à consulter le blog et les photos tu t'en souviendras toute ta vie.
    Stan

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  4. coucou juju!
    ça donne toujours envie..cool que tu ne sois tombé malade que maintenant!!!mais c'est rien par rapport à ce monstre, que dis-je cette apocalypse qu'est la grippe A et qui fait trembler tous les médias ici (annonce à la télé, la radio, la gare, affiches partout...les français réapprennent à se laver les mains...hihihi)
    profite bien des derniers jours et ne pense pas au retour comme à la descente aux Enfers!
    gros gros bisous et à bientôt à Paname avec ton enthousiasme légendaire

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  5. beau voyage, mon fils fait actuellement le même
    périple.

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