dimanche 19 juillet 2009

Roots boy 3000

Bom dia la métropole, ici Macapa !

Je vais essayer de vous raconter un peu chronologiquement (et sur un clavier brasilerou) ce qui s'est passé depuis notre départ de Cayenne. On est partis vers 14h15 de la ville en bus collectif, on était 6 dedans. Après être allé chercher tous les passagers, on a traversé les quartiers sud de Cayenne, banlieue extrêmememt populaire, beaucoup de gens assis devant les maisons, et pour la première fois j'ai eu l'impression de regards pas forcément aussi bienveillants que depuis notre arrivée. 10mn apres avoir quitté Cayenne nous voilà déjà à traverser la forêt Amazonienne. On en a pour 2h30 de route bitumée pour rejoindre Saint-Georges. On ne sait pas encore très bien comment on fera à l'arrivée pour prendre une pirogue et rejoindre Oiapoque, on verra bien, c'est la part d'inattendu inhérente au voyage.

La forêt Amazonienne, l'impression de traverser un ''canyon vert'', des ''murs verts'' de part et d'autre, une végétation extrêmement dense, avec des arbres de peut-être 40m de haut qui la culminent. Quelques palmiers quand la forêt est dégagée, des arbres mono-troncs, des plantes grimpantes partout, des parasites qui forment de petits palmiers sur les arbres, il y a beaucoup à regarder. Il arrive que l'horizon soit dégagé parfois à cause de zones déforestées et on aperçoit alors beaucoup de brume au niveau des plus hauts arbres. On commence à traverser la forêt sous un orage tropical, le chauffeur a branché l'autoradio sur un reportage sur Billy Holliday et le racisme des blancs. Pour être les deux seuls dans le van avec Romain, on ne se sent pas tout à fait à l'aise, avant de ne plus du tout y penser tant il y a à observer dehors. Beaucoup de virages le long de la route pour rejoindre Saint-Georges, une vraie route de montagne, il ne faut pas être malade en voiture. Ca a dû être un sacré massacre et une petite prouesse finalement pour tracer une telle route au milieu de la forêt. Je regrette un peu de ne pas avoir loué de voiture pour parcourir le trajet, on croise parfois des endroits magnifiques où j'aurais aimé m'arrêter.

Le chauffeur roule à toute balle sur la route, c'est un peu flippant. Comme j'essaie d'écrire dans mon carnet ça file un peu la gerbe aussi. Il y a tellement d'humidité que même sans pluie le chauffeur roule avec ses essuis-glaces branchés ! Le voyage se finit avec de l'électro-pop brésilienne à fond dans la voiture. Le chauffeur nous avait dit 2h30 pour rejoindre Saint-Georges, après 2h25 on est toujours en pleine forêt et il me semble assez improbable d'arriver à l'heure, et puis d'un coup les ''murs verts'' s'arrêtent, une zone déforestée avec habitations (des sortes de préfabriqués) et chiens errants s'étend sur peut-être 5km, le long d'un immense fleuve, l'Oiapoque. Difficile de croire qu'on puisse habiter dans un tel endroit. À chaque fois que l'on a croisé une cabane ou une maison le long de la route d'ailleurs, des hectares de forêt était brûlés autour, cela ne s'intégrant pas du tout au paysage. À peine posé le pied à terre qu'on prend déjà nos sacs pour les emmener sur une pirogue à moteur, pas le temps de réfléchir tout s'enchaîne sans qu'on ait de questions à se poser. Etendue absolument grandiose offerte par le fleuve, 200 mètres de large environ, une eau très verte, à s'y méprendre avec les images que j'avais en tête de l'Amazone. Moment privilégié de traverser ce fleuve en pirogue pendant 10mn après avoir quité Paris trois jours plus tôt, vraiment difficile de réaliser, quelques huttes de part et d'autre du fleuve, immersion totale dans le monde de Luis Sepulveda... Ca donne envie de dire à tous de partir voir ça de plus près.

On nous dépose à Oiapoque, village-comptoir le long du fleuve. Dépaysement total, difficile à décrire, j'essaierai de vous mettre une photo demain, je ne m'attendais pas du tout à cela, Romain non plus je crois. On nous indique la préfecture pour faire tamponner nos passeports, premiers instants à cotoyer le portugais, déconcertant et intimidé à la fois à l'idée d'essayer de nous faire comprendre. Je me sens comme un type qui a fait dix leçons de brésilien et je ne voulais pas arriver comme ça. Par respect, et aussi parce que je ne veux pas arriver comme un Américain ici, je m'intéresse à eux. Les contacts avec les gens sont extrêmement bienveillants. Même si je me sens un peu con de ne pas avoir appris plus la langue on est à l'aise.

Il est bientôt 18h et le dernier bus partant vers Macapa va partir, 12h de bus pour rejoindre la prochaine ville brésilienne. Que fait-on ? On nous dit qu'il est plein, que le prochain part demain matin, mais qu'on peut toujours monter dans celui-ci si on aime voyager debout. Devant l'enthousiasme de Romain et ne réalisant pas bien dans quoi on s'engageait, j'ai accepté l'idée de partir tout de suite. Cela évitait aussi de se poser la question de ce qu'on allait faire si on restait sur place. Ca a été une erreur je pense. On a vraiment passé 12h sans place assise, dans un bus qui traversait une route en terre battue, pleine de cailloux et de trous, autant dire une route mouvementée. De nuit on ne voit rien des bas-côtés, il n'y a pas grand chose pour s'occuper. Je vis bien les quatre premières heures, devant l'excitation de tout ce qu'on a vu tout au long de la journée, de tout ce qu'on est en train de vivre, de repenser à tout cela, de me dire que c'est avec ce genre d'expériences que nos corps vont se sculpter, puis je finis par être fatigué, le tee-shirt trempé, je commence à avoir froid avec la clim' à 20 degrés. On est quelques uns à voyager ainsi. Romain vit mieux le voyage que moi, il finit par s'allonger et s'endormir. Je reste debout le plus clair du temps, manquant de tomber par terre à chaque fois que je m'assoupis. Le temps passe lentement, je me dis que c'est un peu une expérience initiatique, on ne peut pas sortir du bus et reprendre la suite demain de toute façon, plus trop le choix maintenant. Je pense qu'avec une meilleure organisation et un peu moins de précipitation on aurait pu éviter tout cela et apprécier beaucoup plus. Ce sont nos premiers jours ici cela dit, il faut un peu de temps avant de prendre le rythme pour organiser au mieux nos étapes.

On arrive crevés à 6h du matin à Macapa, dans le ciel la lune même noire brille dans le ciel, c'est fascinant. On prend un taxi et on finit par se trouver un hôtel. Bonheur...

Journée de repos extrêmement agréable à Macapa aujourd'hui du coup, on est pile au niveau de l'Equateur. Dans trois jours on sera dans l'hémisphère sud, en attendant repos en ville, organisation de la prochaine étape, plaisir d'être là.

Bisous à tous, je vous embrasse funky brasil :)


PS : À demain pour les photos !

3 commentaires:

  1. A demain pour les photos alors, super ce long message on s'y croirait. Ça me replonge dans des galères de voyage en bus dans d'autres pays aussi, un voyage en rappelle un autre. Bisous

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  2. Keep it brazilian funky fresh!
    Bonne continuation
    Le micromix crew

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  3. trop fort le voyage de 12h en bus!!
    Mtnt, quand tu seras bloqué dans le métro parisien 5 min, ça sera une rigolade pour toi ;)

    Frank

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